Pourquoi les Mahométans Quittent l'Islam
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2025-09-26 09:57 +0200
Article originel écrit par Adil et paru sur le site asharisassemble.com.
Quel est le sujet qui a le plus de chances de mettre les mahométans mal à l’aise ? Daech ? Les façons de s’habiller ? La « finance islamique » ? L’Arabie Saoudite ? Les pédophiles soi-disant « musulmans » ? Tous ça à la fois, et bien plus encore. Souvent. Cependant, le titre revient haut la main à la question des mahométans qui perdent la foi. À tel point qu’elle est très peu abordée eu égard à l’importance du problème. Peut-être qu’on estime qu’en parler ouvertement légitime le concept, ou peut-être qu’on a l’impression d’être faible et défaitiste si l’on aborde le sujet de l’apostasie. Quoiqu’il en soit, le phénomène est bel et bien réel et presque sans aucun doute en augmentation. En tant que mahométan, je ne crois pas qu’il existe de raison « valide » à l’apostasie, mais je dois reconnaître que certaines méritent qu’on y réponde par de la compassion plutôt que de l’exclusion. Je conviens aussi du bien-fondé de nombreuses raisons invoquées par les mahométans qui doutent de l’islam, bien que je ne partage pas leurs conclusions.
Cet article est le premier d’une série dans lesquels j’aborde certaines des raisons de la hausse de l’athéisme et de l’agnosticisme dans les populations de mahométans en Occident et dans le monde. Mon espoir est que les mahométans puissent admettre ces écueils et évitent d’y retomber. J’espère également que les mahométans sujets au doute reverront certaines de leurs raisons, bien qu’il ne s’agisse pas là d’un exercice de réfutation.
Sans ordre particulier (dans cet article comme dans les autres), voici les cinq premières raisons pour lesquelles de nombreux mahométans se mettent à douter de l’islam.
1. Le manque de représentation dans la science moderne… et la sur-représentation de la pseudo-science ne font que mettre les jeunes mahométans en porte-à-faux.
L’effet cumulé, d’une part, de l’absence de contribution récente significative de mahométans à la science, et d’autre part la pseudo-science inepte baragouinée par plusieurs apologistes mahométans, est une source majeure d’insécurité chez les jeunes mahométans occidentaux. Bien que la qualité des arguments avancés pour ou contre une proposition ne dise rien logiquement de la véracité ou non de cette proposition (ici, la réalité de l’islam), le fait est que, si les arguments sont mauvais, la réponse psychologique d’un humain sera de considérer la proposition comme tout aussi mauvaise.
Grâce à des apologistes vedettes (en particulier de Turquie et du sous-continent indien), plusieurs affirmations non scientifiques sont aujourd’hui très largement répandues chez les mahométans. Prenons l’exemple typique suivant : pourquoi les mahométans ne mangent pas de porc ? D’après certains « hommes de science » (et maintenant le commun des mahométans), c’est pour des raisons telles que : « Les cochons ont une nature sale et mauvaise », « Les cochons mangent des tumeurs », « Le porc est très peu nutritif », « Le porc contient un ver résistant à la cuisson qui vous mangera les yeux », « Si vous mangez du porc, vous vous comporterez comme un porc, exactement comme les Occidentaux. »
Si l’ancienne génération, ou les mahométans les moins versés dans la chose scientifique en général, peuvent éventuellement y croire, n’importe qui avec le bac ayant suivi un cours de SVT voit très bien que ce sont des imbécilités. Ce n’est pas vrai, tout simplement. D’aucuns pourraient soutenir que le porc n’est pas la meilleure viande du point de vue de la santé, mais l’argument qui consiste à dire que le porc est illicite pour les raisons matérialistes énoncées plus haut n’en serait pas moins problématique pour autant, d’abord et surtout parce qu’il n’y a rien dans le Coran qui aille dans ce sens. Cet interdit, pour les raisons évoquées, serait-il valable indéfiniment ? Pourquoi la viande biologique de cochons élevées en plein air serait illicite et pas celle, révoltante, de poulets « halal » gavés d’hormones que la plupart des mahométans consomment joyeusement ? Tout ce raisonnement, en plus d’être insultant (comment un tel apologiste pourrait convaincre un paysan qui élèverait des cochons dans d’excellentes conditions ?) suinte l’insécurité : il implique que l’islam doit satisfaire des critères matérialistes et séculaires pour être perçu comme valide ou vrai. L’argument matérialiste et séculaire maintenant réfuté (le porc n’est pas toujours souillé et dangereux alors que de nombreuses viandes dites « halal » le sont), la prescription islamique tombe à l’eau. Ce n’est qu’un exemple, trivial qui plus est, mais j’ai vu de mes propres yeux que ce sont souvent les choses supposément triviales qui « n’ont aucun sens » qui sèment les graines du doute. Que ce soit une doctrine fondamentale ou une ordonnance mineure, si un mahométan en vient à penser que quelque chose d’absurde fait partie intégrante de l’islam, la crise de foi sera la même. Une explication très simple de pourquoi les mahométans ne mangent pas de porc, sans posture ni tout le foin pseudo-scientifique, se trouve ici.
Tant qu’on y est, c’est moi ou les jeunes mahométans sont beaucoup plus susceptibles que les autres de dire que les plantes ressentent la douleur ? Peu, voire aucun, biologiste ne donne de crédit à cette thèse, mais d’après mon expérience, les mahométans sont très susceptibles d’y croire ! Je suis presque certain que ça vient d’un « argument » de Zakir Naik pour justifier la consommation de viande (en plus de la démonstration absolument dingue de pourquoi du bœuf : « ben parce que sinon le bétail se reproduirait trop. » C’est peut-être le pire argument que j’aie jamais entendu, et ça montre une incompréhension totale de ce qu’est l’agriculture).
Je répète encore une fois que ce n’est pas parce que ces histoires de « miracles scientifiques » sont défendues atrocement qu’il s’ensuit logiquement que l’islam est faux. Pire, cette mouvance a fait naître tout un mouvement athée de réfutation (« debunking »), qui lui, pour le coup, démonte factuellement des arguments avancés par les apologistes mahométans !. Certes, réfuter un apologiste financé par l’Arabie Saoudite et qui ne connaît rien à la science ne prouve pas que l’athéisme est vrai et l’islam faux, mais aux yeux d’un jeune mahométan confus ? Ça dit : « L’athée est plus fort que le mahométan. » De là à penser « L’athéisme est plus fort que l’islam », il n’y a qu’un pas.
Une critique d’un mahométan de la mouvance « l’islam est prouvé par la science » est disponible par ici.
2. De nombreux mahométans sont coupables d’un grossier « deux poids, deux mesures » lorsqu’il s’agit de politique, ce qui provoque une perte de confiance de la part des mahométans instruits envers leurs communautés.
La plupart, voire l’intégralité, des humains ont, dans une certaine mesure, une double morale quand il s’agit de comprendre et parler de politique. Certaines causes nous touchent plus que d’autres : on a plus d’empathie pour certaines personnes que pour d’autres, beaucoup défendent « leur camp » par principe, d’autres s’opposent par principe à ce qu’ils pensent être le système, d’autres encore prennent le partie de l’opposant, etc.
Je ne crois pas que les mahométans soient forcément plus incohérents que les autres. C’est juste qu’étant donnée l’identité panislamique de nombreux mahométans (à l’inverse, probablement, des chrétiens, par exemple) couplée à la réalité de nombreux pays à majorité de mahométans, on a plus d’occasions d’afficher notre « deux poids, deux mesures ». Malheureusement, ça veut dire que beaucoup de mahométans politisés perdent confiance en leur communauté.
Israël. On ne peut pas faire moins original. Tous les mahométans sauf les plus « intégrés » sont très critiques d’Israël, moi y compris. Mais pourquoi ? Est-ce parce qu’il est ordonné dans le Coran d’être juste, au risque de se faire des ennemis ? Est-ce parce qu’on ne peut tolérer qu’une nation en occupe brutalement une autre, qu’elle vole leur terre et sème la terreur ? Ou alors est-ce parce que les Palestiniens sont, pour la plupart, du même groupe que nous ? Si les rôles des Israéliens et des Palestiniens étaient inversés, nos réactions seraient-elles les mêmes ? Ou bien l’immense majorité d’entre nous soutiendraient que la « Force de Défense de la Palestine » ne fait jamais que se défendre (en rasant des quartiers remplis d’innocents), que la résistance israélienne utilise des boucliers humains (donc on peut bombarder des enfants) et que, même si la Palestine était « légèrement pugnace », la boycotter serait islamophobe ? Aurait-on une majorité silencieuse ou complice et seulement une poignée de Noam Chomsky et Norman Finkelstein mahométans qui critiqueraient la Palestine et seraient taxés de vendus partisans de l’auto-flagellation ?
Notre silence assourdissant au sujet des régimes de mahométans répond à la question. Même le peu de prise de position contre les organisations ou États de mahométans moralement dépravés, comme l’Arabie Saoudite par exemple, le font de manière équivoque ou indirecte (« Oui ils sont mauvais… parce que ce sont les larbins de l’Occident »).
Plein de mahométans utiliseraient les même procédés que les islamophobes pour ignorer, minimiser et excuser les crimes commis par des mahométans. Ça ne veut pas dire qu’on approuve en secret, contrairement à ce que des islamophobes et des « musulmans des Lumières » (c’est comme ça qu’on dit de nos jours ?) prétendent, mais ça montre bien que nombre d’entre nous ne sont pas cohérents.
Pas un seul instant je ne dis qu’il faudrait cesser de critiquer Israël, ou la politique étrangère américaine, ou les dictateurs séculaires et brutaux du monde mahométan ou la posture anti-mahométans à peine voilée de nos politiciens. Mais quand l’outrage s’arrête là, et que jamais on ne critique, mettons, les droits des non-mahométans dans plein de pays « mahométans », on crée une minorité silencieuse qui en voudra à la communauté pour son complexe de persécution, ou une minorité vocale qui sera ostracisée. Ça revient au même dans les deux cas : se distancer des mahométans… puis potentiellement se distancer de l’islam. Si les partisans d’une idée, quelle qu’elle soit, ne sont pas cohérents et justes à tous les niveaux, que dire (à tort, certes) de l’idée elle-même ?
3. Plein de mahométans veulent sortir du paradigme selon lequel tous les non-mahométans seront damnés… mais se font intimidés et finissent par croire que c’est une thèse incontestable et incontestée de l’islam.
Comment interagir avec son prochain dans une société damnée ? Une société composée presque uniquement de gens destinés à souffrir éternellement. Avec mépris, parce qu’ils valent moins que rien ? Avec compassion, parce qu’ils ont besoin « d’aide » ? Même si, bien sûr, seule une poignée au mieux seront sauvés. Ou alors comme tout le monde, parce qu’on ne veut pas penser à leur sort ? Peut-être avec indifférence, parce qu’on sait qu’il n’y aucun espoir de toute façon ?
Malheureusement, même si la damnation de tous les non-mahométans n’est pas un principe de l’islam, beaucoup de mahométans seront confrontés à ce dilemme. Les non-mahométans, nous dit-on explicitement ou implicitement, ne valent rien. Ce qui est différent des accusations d’islamophobes qui persistent à dire que la plupart ou en tous cas beaucoup de mahométans apprennent « la haine » des non-mahométans (tout en prêchant, de manière hypocrite, la haine des mahométans). Le problème est moins théologique (même si le wahabisme financé par l’Arabie Saoudite qui a contaminé nombre d’institutions n’aide pas) que psychologique : le souhait, pour les communautés, de rester compactes et isolées, du moins en Europe. Ainsi, les étrangers, y compris la population du pays d’accueil, sont au mieux insignifiants, et l’on interagit avec eux de façon très sommaire et seulement quand c’est nécessaire. Cette insécurité et cette insularité rendent plus séduisants le « damnationisme » et le mépris pour les locaux. Cela crée aussi d’autres problèmes épouvantables, comme les mariages entre cousins à répétition et, sans surprise, ça rend des gens assez malheureux pour qu’ils veuillent s’en « libérer ». Faites-en ce que vous voulez.
Alors qu’est-ce qui se passe quand un jeune mahométan confus va, mettons, à l’université et se fait des amis non-mahométans qui s’avèrent être gentils et respectables — bien plus accueillants et compréhensifs et que sa propre famille ? Hormis le traumatisme mentale d’imaginer ces personnes bonnes et sincères être torturées pour l’éternité (même si, en fait, la question de la nature, la durée et les occupants de l’enfer est plus ou moins ouverte), se pose le problème intellectuel de la justice, voire de l’injustice. Est-ce juste que les non-mahométans soient damnés presque par défaut alors que les mahométans, aussi détestables soient-ils, soient sauvés ?
Grâce à l’abondance de sites salafistes, une recherche internet fera ressurgir les pires craintes. Les non-mahométans sont en effet condamnés. Et l’enfer est bien éternel. Et c’est bien du feu qu’il y a là-bas, sans équivoque. Les hadiths authentifiés qui font mention de personnes quittant l’enfer font seulement référence aux mahométans. Les pires meurtriers mahométans finiront tôt ou tard au ciel. Et Nelson Mandela ira en enfer. Et il n’y a pas de débat. Aucun.
Bien sûr, certains mahométans vont élargir leur recherche, examiner minutieusement leurs sources et mener une enquête rigoureuse. Ces gens-là découvriront que, selon de nombreux penseurs mahométans passés et présents, les non-mahométans (même ceux qui ont entendu parler de l’islam) ne seront pas forcément damnés, ou que le châtiment de l’au-delà pourrait ne pas être éternel, ou qu’il est dit dans le Coran que chacun sera châtié pour ce qu’il a commis, ou bien encore que seuls les turpides iront en enfer.
Mais est-ce que la plupart des mahométans feront cette démarche ? Beaucoup resteront simplement confus, certains croiront à contrecœur aux thèses damnationistes, mais d’autres apostasieront carrément. Pour eux, le fardeau émotionnel, spirituel et intellectuel est trop lourd à porter ; ils choisiront plutôt de ne pas s’en encombrer. Une fois le désir de ne plus croire se manifeste, il est très facile à renforcer, les sites internet faisant la promotion de l’athéisme se comptent en milliers.
La théologie doit être enseignée aux jeunes mahométans de manière responsable, ou du moins, on doit davantage leur donner cette chance. Bien sûr, plein de penseurs classiques tenaient des positions impitoyables concernant le salut de l’âme, mais plein d’autres, et non des moindres, étaient beaucoup plus inclusifs en se basant sur les textes. L’idée selon laquelle sa communauté serait sauvée partout tout le temps, et que les autres seraient damnés inconditionnellement mène, de l’intérieur, au fanatisme ou à l’apostasie, et de l’extérieur, à la méfiance et l’hostilité.
Pour aller plus loin sur les questions du salut, du châtiment et de la grâce, je recommande les liens suivants :
Gai Eaton : When Hell melts away
Hamza Yusuf : Who are the Kafir? et The fate of non Muslims
Timothy Winter : Is God merciful? et Can non Muslims be saved?
Shabir Ally : The fate of non Muslims. Is Hell everlasting?, Is Hell just?, Disbelievers condemned to hell?, Who goes to Heaven?, More on who goes to Heaven
4. L’incapacité des mahométans à être clairement de meilleurs humains met en doute l’efficacité de l’islam pour beaucoup de mahométans.
Si l’islam est la « vraie » religion (ou la « plus vraie », selon où l’on se place sur le spectre de la pluralité), alors on peut raisonnablement s’attendre à ce que ses fidèles soient, de manière générale, « meilleurs » que les autres. Faute de quoi, la valeur de l’islam peut être mise en doute.
Véritablement, il y a des mahométans qui font des choses incroyables, et certains sondages, qui suggèrent par exemple que les mahométans britanniques sont la communauté qui font le plus de dons aux œuvres caritatives, sont très encourageants. Cependant, on ne peut pas dire que la bonté ou le dévouement soient les premières choses auxquelles on pense quand on parle des mahométans. Quelle proportion des mahométans sont membres d’Amnesty International ? Combien de mahométans travaillent pour des organisations environnementales ? Combien de mahométans travaillent dans le social ? Une proportion élevée de médecins, certes, même si d’après mon expérience, je doute que beaucoup l’aient fait pour des raisons altruistes. Combien de banques alimentaires sont dirigées par des mahométans ? Combien de mahométans sont des consommateurs responsables (la consommation responsable, c’est tenir compte de l’impact environnemental ou du préjudice porté aux humains et aux bêtes dans leur ensemble, pas juste boycotter C&A parce que quelqu’un a dit qu’ils soutenaient Israël) ? La réponse est : il y en a, mais très peu. Probablement pas plus que dans n’importe quelle population, et même dans certains cas, probablement moins.
Typiquement, les valeurs qu’on associe aux populations à majorité de mahométans ne sont pas brillantes. Les valeurs familiales, à la limite. Peut-être un esprit de communauté. Mais il faut vraiment racler les fonds de tiroir. Coincés. Entre eux. Désorganisés. Se préoccupent seulement « des leurs ». Bien sûr, on pourra toujours dire que les médias sont biaisés, qu’ils parlent toujours des mahométans qui font des mauvaises choses, en particulier des violences, et jamais des autres. Ce biais existe, et un large pan des médias sont en effet tenus par des provocateurs islamophobes. Mais ne nous racontons pas d’histoire : plein de bonnes choses faites par des mahométans en Grande-Bretagne sont mises en lumière par les médias grand public, et si les stéréotypes négatifs étaient complètement infondés, la presse de caniveau aurait bien du mal à les inventer sans perdre toute crédibilité. Qui plus est, il paraît très peu probable que la branche islamophobe des médias de droite ait quelque influence directe sur les convictions religieuses des jeunes mahométans, qui ont de toute façon la bonne idée de les ignorer. Plein de non-mahométans aussi voient bien que les torchons de droite ne sont qu’un ramassis d’absurdités. Alors, au lieu de faire l’autruche et toujours rejeter la faute sur les autres (art dans lequel nombre d’entre nous sont passés maîtres), nous devrions accepter le réalité et admettre que nous ne sommes pas des parangons de vertu, ou même ne serait-ce qu’à peine meilleurs que nos amis et voisins non-mahométans. Nous devons donc nous rendre à l’évidence et prendre conscience du fait que cela conduit à une crise de foi chez beaucoup de mahométans. « On ne juge pas une religion à ses fidèles. » Oui, je sais, mais si les mahométans n’arrivent même pas à appliquer des concepts islamiques aussi basiques que faire passer la justice avant les liens de parenté ou bien aider son prochain, alors on peut se poser la question de l’efficacité de l’islam. Cela devient encore plus émotionnellement et spirituellement problématique si l’on ajoute l’idée selon laquelle tous ces mahométans-là, dans leur ignorance crasse, seraient promis au salut, alors que même les meilleurs des non-mahométans sont condamnés. Je crois vraiment qu’il y a des réponses convaincantes à ces problèmes, que Dieu juge chacun selon des standards différents selon comment ils ont été élevés, que les non-mahométans qui ne se rendent pas compte de la vérité de l’islam ou qui en ont une vision déformée (notre faute, pas la leur) seront jugés selon les choix qu’ils ont eu à faire et leurs intentions. Je crois que les non-mahométans, y compris les athées, ont un sens moral inné, ce qui répond à la question « Pourquoi sont-ils bons ou meilleurs que nous, mahométans, alors qu’ils n’ont pas de texte sacré ? » Enfin, l’incapacité de nombreux mahométans à mettre en pratique des valeurs humaines et islamiques élémentaires ne vient pas de l’islam qui ne serait pas clair, mais de la pensée en silos des fidèles. Ces gens-là ont peut-être une foi inébranlable et pratiquent des rites, mais sont de fait séculaires dès qu’il s’agit de moralité et de conduite personnelle, ne tenant même pas compte des enseignements de l’islam, surtout lorsqu’il y a matière à interprétation : les préceptes de gentillesse, par exemple, sont plus fréquemment ignorés que, mettons, l’interdiction du porc. Cette approche moralement viciée est de la faute de l’individu, peut-être de sa culture, mais certainement pas de l’islam. Tous les mahométans ne trouvent pas de réponses cependant, beaucoup d’entre eux y voient plutôt une occasion d’ignorer et de quitter leur communauté. Leur communauté et tout ce qui va avec.
5. La culture du mariage des communautés de mahométans crée des relations malheureuses, empêche des relations licites, et crée des jeunes mahométans dysfonctionnels qui sont des candidats tout désignés à l’apostasie.
De nombreux mahométans reconnaissent qu’il y a des problèmes avec notre « culture du mariage. » Quand je dis « reconnaissent », je veux bien sûr dire :
« Ne fais rien, sois d’accord en théorie mais dis qu’il faut être pragmatique. »
« Pragmatique », évidemment, signifie considérer la couleur de peau, la race ou la filiation comme des bases légitimes pour rejeter quelqu’un, accepter que les mariages doivent être d’obscènes et vulgaires étalages de richesse matérielle et de mode, que la personnalité d’un individu ou même le bonheur du couple n’a que peu d’importance, et autres joyeusetés.
Pour le dire clairement, nos règles et restrictions actuelles, implicites ou non, sont en train de détruire le futur de l’islam dans notre communauté. « Ah ouais, carrément » vous direz-vous, mais c’est la vérité. Nos « paradigmes de mariage », aussi bien chez les Pakistanais, les Bangladeshis ou les Arabes, entres autres, vont détruire l’islam dans nos sociétés, petit à petit, à moins d’un changement.
La façon dont on aborde l’amour, le mariage et les relations empêche les mahométans de former des couples fonctionnels et compatibles, voire de former des couples tout court, comme en témoigne l’augmentation des signalements de mauvais traitements, de divorces et de célibat chez les mahométans d’âge moyen. Que se passe-t-il quand des mahométans se retrouvent célibataires ou dans une relation dysfonctionnelle pour des raisons « culturelles ou religieuses » ? Il mettent la faute sur l’islam. Même si une règle ridicule ou obscène (comme le fait d’épouser quelqu’un de sa famille) n’est pas ouvertement islamique, les mahométans mettront tout de même la faute sur l’islam s’ils ont été élevés dans l’idée qu’elle est a minima compatible avec l’islam.
Que se passe-t-il quand une jeune et intelligente mahométane trouve, à raison, que tous les prétendants qu’on lui présente sont des jeunes hommes laids et louches, qui ont soit couché avec des femmes à l’université, soit ont essayé et se sont pris des râteaux car socialement ineptes ? Ou, tout aussi mauvais, si ce sont des wahhabites (pardon, je veux dire des « partisans de l’islam orthodoxe », comme la plupart des puritains modernes aiment à se décrire) qui l’obligeront à porter un niqab (voile couvrant le visage) et rester à la maison ? Ou des hommes violents, ou des hommes d’affaires malhonnêtes, ou des médecins aigris, qui détestent leur carrière mais y ont été poussés de force par des parents tyranniques, etc. Et si cette même mahométane avait rencontré dans sa classe un garçon gentil, serviable et bon, mais non-mahométan ?
Des histoires incroyables qui font chaud au cœur existent, des « couples de rêve » dans lesquels l’un des deux se convertit sincèrement, parfois jusqu’à mieux pratiquer l’islam que sa moitié, mais c’est rare. Le plus souvent, les parents mettent la pression sur les jeunes mahométans pour leur faire faire ce qu’ils veulent. Ces derniers mettront ça sur le dos de l’islam, ou bien deviendront des clones de leurs parents répressifs et injustes. Ça, ou alors ils se rebelleront et se mettront en couple avec un non-mahométan. Ne pouvons-nous pas compatir à cela, ne serait-ce qu’un peu ? La plupart d’entre nous acceptent que nos enfants vont interagir avec des non-mahométans du sexe opposé. Mais malgré les centaines d’heures qu’ils passent ensemble, on refuse d’accepter ne serait-ce que la possibilité qu’ils deviennent amoureux. Ensuite, on présente nos enfants à d’autres mahométans du sexe opposé et on attend d’eux qu’ils prennent une décision pour la vie en quelques minutes, et sous contraintes, comme la présence des parents ! Si l’on n’apprend pas à nos jeunes hommes à être moins, comment dire, « kaïra », condescendants et moralisateurs, ou tout simplement ignorants, et aux jeunes femmes à être moins matérialistes, capricieuses, machiavéliques et commères, alors on ne doit pas s’étonner que les jeunes mahométans préfèrent les non-mahométans.
Dans cette partie, si j’ai abordé les problèmes autour du mariage sans entrer dans le détail, c’est parce que j’en ai déjà parlé longuement dans deux articles que je vous encourage à lire.
11 Problems With The Muslim Marriage Market
Even More Problems With The Muslim Marriage Market
J’espère que ce premier article aura permis de nourir la réflexion et, comme toujours, j’aimerais voir des critiques constructives des idées avancées. Ne manquez pas la seconde partie et passez une excellente journée.
Recommandations de lecture :
Islam and the Destiny of Man (Gai Eaton)
Losing my religion: A cry for help (Jeffrey Lang)
The Message of the Quran (Muhammad Asad)
Islam and the fate of others: The salvation question (Dr. Mohammad Hassan Khalil)
Hanafi Principles of testing Hadith (Shaykh Atabek Shukurov)